lundi 15 février 2010

Half time - Shengjin

Salut a tous!

Petit retard de nouvelle. Petit break dans la ballade.
Voila maintenant plus d un mois que je suis comme qui dirait en hibernation.

J avais comme au montenegro, repere sur la carte un coin paume sur la cote. Ce que je cherchait, c etait du repos. Du calme. Plusieurs critere en tete: en bord de mer, un coin ou je puisse etre seul. Ou le soleil se leve et se couche dans la mer. Un coin habriter si possible.
En m y rendant, j ai d abord trouver une baie qui a surement due etre tres belle. Aujourd hui, on y accede a l ombre d hotel multicolore en construction. Puis un port industriel, une raffinerie abandonnee, une base militaire americano-albanaise.
Au milieu de tout ca, la population locale vit dans de petits immeuble en parpin gris, autour d une unique ruelle aux allures de souk marocains.
Bienvenue a Shengjin.

Vers le nord, une route de terre s enfonce dans une pinede en bord de mer. A mesure d avancer, le murmure de la ville cesse. Les chantiers disparaissent peu a peu, la foret se fait plus dense. Quelques chiens errants gettent a quelques metres de la route. Ils n aboient pas.
Puis apres 20mn de marche, en contrebas sur la gauche, se trouve une petite crique, et ma maison.

Je me suis installe dans un camp militaire abandonne, vestige du regime communiste en place il y a 20ans. Dans la seule piece ou le toit etait en place, j ai installe une chemine, un lit sureleve (ma maison prend un peu l eau...) quelques etagere et une reserve de bois a l abri de la pluie.
La mer, chariant tout un tas de bordel rejete par l Homme, m offrit chaise, table et plastique pour habille fenetre et porte. Sur celui couvrant la porte, j inscrirai au marqueur "half time". Ma retraite peut commencer.

Des la premiere matine, j aurai de la visite. Un homme, d une soixantaine d annee, petit, quelques cheuveux gris frises remontes en arriere par une paire de lunette de soleil, arpentait ma plage. Lefter ne travaillait pas ce jour la. Aucun bateau au port ne reclamait ses talents d electriciens, il en profite donc pour venir mettre quelques lignes a l eau. Je l interpelle en Anglais, il me repond en Italien. Qu importe la langue, le cours de peche commence!

Ici, pas de canne a peche. Une ligne d une trentaine de metre est leste par une petite ancre a plomb. On fait tournoyer le tout comme une fronde pour le mettre a l eau, ce qui m a valut dans les premiers temps quelques moqueries de la part des autre pecheur, quand ma ligne finissait peniblement a 2metre, le reste venant s enroule autour de mon cou. Mais apres un mois de pratique, je me defends plutot pas mal.
Et si un poisson a le malheur de mordre, le pauvre sera eviscere et mis sur le feu dans la minute. Ici, on aime le poisson frais.

Alors voila, tres vite, j ai trouve ce que j avais perdu depuis quelques mois: un quotidien. Je me reveil tous les matins avant le soleil, lance un grand feu pour le cafe, avant d aller changer les appats de mes lignes. Si un poissons s invite a la fete, je l etriperai avant le petit dej, sinon celui ci remonte (je parle du petit dej). Puis je vais chercher du bois et des appats dans les environs. La partie active de ma journee se termine au dejeuner, je passe alors le plus clair de mon temps a entretenir le feu, surveiller ma peche, lire ou gratouiller mon ukulele. Et tous les 4-5jours, je vais chercher eaux, bougies et vivre a la ville.

Ainsi, je passe le plus clair de mon temps tout seul, meme les visite se sont fait de plus en plus reguliere a mesure que les gens realisaient ma presence. Il y a Lefter bien sur, mon prof de peche, et mon bienfaiteur. Il m apporte poisson, vin ou autre delice plus que regulierement, et vient tout les week end pecher et picniquer avec sa femme et son fils. Il y a aussi Nina, le chasseur a la retraite, qui guette les poissons depuis les hauteur et vient me dire ou mettre mes lignes. Besi et Gendi, eux, viennent arrondir leur fin de mois en recuperant et revendant la ferraille rejete par la mer. Ils s arretent donc pour le cafe. Un groupe d enfant du village vient parfois apres l ecole voir celui qu ils ont baptise "Robinson", pour une partie de foot ou un cours de ukulele. Et il y a bien sur les incontournables force de l ordre.

Dans les premiers jours de mon installation, l un d eux, en patrouille dans le coin, fut un peu trouble de me trouve la.Tant et si bien qu il appela le chef de la police de l immigration. Celui ci debarqua 10mn plus tard escorte de 3 autres bleus. Parlant anglais, il m explique assez sechement que j avais 2h pour faire mes affaires et partir. C est un terrain militaire, et de surcroit peu sur pour moi.
Je me braque un peu, lui explique ma ballade, lui dit que je ne fait rien de mal. Rien y fait.
Puis un de ses bleus, qui tournait depuis un moment autour de mon ukulele me le tend, en me reclamant une chanson. En consequence, je leur joue "should I stay or should I go", ce qui les fait marrer.
L officier change un peu de ton. Il m entraine a l ecart pour une marche sur la plage, avant de me lancer d un air paternel: "Raoul (on ne reprend pas un officier en uniforme), why do you do this trip?".
Si James cameron avait filme la scene, il y aurait eu des grandes nappes de violons derrieres, avec peut etre un hautbois chantant une melodie d espoir. Ce bonhomme voulait vibrer, alors j ai laisse tombe le mot de ballade. Je lui ai parle de reve, d aventure, de liberte.
L air soucieux, il a finalement appele le chef de la police de shengjin qui se deplace lui aussi. Finalemt, 9 flics rien que pour moi, se sont livre a une petite fouille de rigueur de mes affaires avant de me laisser penard. ouf.

Alors voila. Un mois comme j en avais encore jamais passe. De grande deconnection. A laisse filer les jours sans les retenir. Pas de tele, de cuisiniere, juste un grand feu pour accompagner mes soiree. Pas de montre, pas meme une cloche sonnant au loin. Pas de miroir non plus, rien pour refleter ma gueule, si ce n est le visage de mes visiteurs. Et si en commencant j apprehendais la solitude, je me serai finalement rendu compte qu on se sent seul que quand il y a du monde autour.
Mais bientot la ballade va reprendre, encore peut etre 1 ou 2 semaines. Puis direction Durres, Tirana vers le sud, avant un dernier crochet au nord pour aller voir le Kosovo. Le reste de la route reste encore a ecrire, car comme c est marque sur la porte de ma maison, ceci n est qu une bien belle mi temps.

Des grands bizous a tous, tous vos messages m ont offert une grande barre de bonheur. Vous me manquez.

Matthieu


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