vendredi 14 mai 2010

L'arrivée...



Le 15 avril 2010...


Les enfants...

...papi a quelque chose d important a vous dire. Quoiqu il arrive a present, je ne pourrait plus dire que j ai marcher jusqu a Istanbul.
La faute a une carte un peu mal foutu, et au Nestou, ce fleuve infranchissable du nord de la Grece. Pensant trouver une route, je pataugerai finalement dans un petit marecage (par ailleurs incroyablement beau). Et pensant trouver un pont, je me retrouverai au delta du fleuve, sans trop savoir comment, a tenter la traversee par les bancs de sable. Mais impossible. Un pecheur passant par la avec sa barque, entendant mes cris, viendra me donner un coup de main. Mais rassurez vous! Il ne prendra que mon sac pour le passer sur l autre berge. Reste sur la plage avec en tout et pour tout un calecon et une pair de lunette, j aurai une petite pensee pour la belle confiance que j accorderai a tous ces gens croises sur la route. Puis je ferai ces quelques metres a la nage.

Mais je ne lui en veut pas a cette carte. D abord parce que la mer etait bonne. Et puis, elle m emmenera dans de biens beaux endroits. Apres 2 jours passes a visiter Thessaloniki, et une soiree feta-biere-foot assez memorable, c est Athena qui m offrit d abord la clef des champs. Non pas la deesse, mais une jeune fille qui me guida pendant une demi heure dans les dedales de sa banlieue. C est ainsi que je retrouverai la magnifique region de Chalkidiki. Deux jours de ballade, sur des collines garnie d olivier, surplombant une campagne paisible s enfoncant doucement dans la mer. Au loin, l Olympe veille, imperial, toujours coiffe de quelques nuages. Je retrouve mon printemps, le soleil et les hirondelles sont la pour en attester. Et si les oliveraies, paresseuses, ne font que reflete les rayons du soleil, les autres vergers sont en fleur. Je retrouve aussi les nuits etoilees, les reveil oranges... Raaaaaahhh! C est bon!

Puis la cote, tour a tour sauvage et rocailleuse, ou touristique et defigure, la Grece a bien des visage. Mais quelques soit le decor, les grecs me reservent encore une fois un bien bel accueil. Decidement, on aime les Francais de par l europe. A noter qu ici je suis un Gaulois ("Galos") en route pour constantinople ("Constantinopolis"). Ce qui est plutot la classe, surtout pour un mec de Lugdunum.
Alors, on me dorlotte, avec les incontournables pitas, le tsatsiki, le tout au son du bousouki. Et Puis quelques surpises: Costas et sa bugatsa krema (pate feuillete croustillante, creme vanille, canelle... mon grand amour grec), Mihalis et son petit dej sardine fume-ouzo (un peu dure au matin), ou Christos et sa redzina (vin blanc-coca... pardon papa). C est la fete du ventre! Et puis, oui, je picole pas mal, j avoue.
Je pensais pourtant mettre mon foie au repos en rejoignant, apres mes quelques brasses dans le Nestou, cette campagne paume ou le Carem de paque etait de rigueur. Mais la encore, le destin guidera mes pas jusqu a Hercule, soixantenaire rigolard, qui se presentera comme le seul communiste a la ronde. L occasion pour tous les deux de philosopher autour de quelques pintes.

Alors oui, la Grece me charme. Il y a 3 jours encore, j etais coince sur ce sentier entre mer et montagne, avec pour seule compagnie d enorme rocher a gueule humaine et une bande d olivier sauvage poussant de travers. La nuit, agremente de quelques averses, m avait laisse au matin dans un demi sommeil, le decor paraissait vivant, irreel. A part un cycliste britanique en calecon moulant m offrant le the, je ne vois pas ce qui aurait pu me reveiller. Bah tiens! Un cycliste britanique en calecon moulant vient m offrir le the! Il tombe bien le Charlie! Lui revient d Asie avec sa becane, en route pour la maison.
Et il y a 2 jours... cette fois dans la banlieue d alexandropolis, un regard m est apparue. Avec la belle etincelle du voyage, et les quelques rides de malice au coin. Je ne l entendis presque pas quand il me dit "salut". Fred revient de Jerusalem, marcheur comme je suis. Apres 2h passee sur sur un bout de trottoir, realisant qu on avait sans doute pas mal de chose a se dire, on rejoindra une petite plage plus tranquile, pour y passer finalement 2 jours. Alors je vous epargne ici les echanges entre 2 mecs sans doute un peu deconnecte. Mais l un comme l autre n avait jamais rencontre sur sa route un autre marcheur. Alors ca fait du bien de trouver quelqu un qui a eu un peu le meme quotidien. Ce qu il y a de plus difficile, c est d entendre qu il y a encore tellement a voir derriere.

Apres des jours perdu sur une route sans fin, celle ci n a jamais semble aussi proche. Je suis aujourd hui au porte de la turquie. Et dans 2 semaines, j ai rendez vous a Istanbul avec 2 blondes (pas d affollement les mecs, je parle de ma mere et ma soeur). Alors, tachons de profiter encore un peu, car au fond, la ballade continue!

Merci a tous pour vos petits mails, des bizous,

Matthieu

(mail du 3 avril 2010)

mercredi 17 mars 2010

L'hiver au trousse

Salut a tous!

Ca y est, j ai quitte la yougoslavie.
J aurai d abord vu le Kosovo, une des etapes decidees de longue date, un pays intriguant de loin, tres attachant de pres. Alors, sans vous faire un cours de geopolitique, quelques images resterons gravees. Une petite eglise orthodoxe taguee de lettre rouge, dans ce qui semble etre un terrain vague, protegee (ou enfermee) derriere des Barbeles. Loin des sentiers battus, un hammeau silencieux, quelques fermes en ruines, les autres desertes. Ou encore, dans un des rares bastions serbes que je traverserai, le regard haineux d un boulanger, qui refusera de me donner du pain tant que je lui demanderai en Albanais.
Mais au fond, malgre la pauvrete, malgre la plaie encore beante de la guerre, je ne peux m empecher de penser: il fait bon vivre au kosovo. Car ailleurs, ces autres villages, ces autres villes, vivantes, bouillonnantes. Sur le papier, le taux de chomage atteind 70%. Dans les faits, tout le monde s active. Des chantiers de briques rouges poussent partout, des restos, des bazars,... On panse la plaie a la truelle, sans beaucoup d organisation a priori, mais avec une energie assez incroyable.

Et il arrive un moment ou on pose le marteau, le jet d eau, l eponge, pour regarder passer ce drole de bonhomme. Une paire de lunette ronde, une casquette brune ecrasant une tignasse emmelee, un gros sac a dos ou est accroche un baton. On s etonne, se marre, pui on l appelle: "Viens! Viens voir par la! Qu est ce que tu fais? Tu as faim? Soif? Froid?". Moi ca va dis-je. Mais vous? Ca va mieux me dit on avec le sourire. Si on sait accueillir, on ne sais pas se plaindre. Pourtant, je leur en donnerai bien des raisons.
Ce bout de route me reconciliera meme avec les forces de l ordre. La KFOR d abord, cette force armee internationnale qui se tourne joyeusement les pouces (Des gardiens de la paix qui n ont rien a faire font a priori bien leur boulot, nan?) Et la police locale, qui ne viendra a moi que pour s inquieter de mon etat. Shemsodin, chef de la police de la ville de pozheran, m accueillera meme chez lui pour la nuit, dans une tres belle ambiance familiale.

Encourage par la population locale, je remonterai au Nord jusqu a Prishtina, la capitale. Arrivant en fin de journee aux abords de la ville, je trouverai refuge dans un chantier de la banlieue ouest, m offrant un bel apercu de la ville.
De loin, Prishtina n a rien d une ville. Un enorme village, ou plutot des dizaines de villages agglutines les uns aux autres, seules les grues venant jouer avec les hauteurs. La nuit venue, des pans entiers de la ville restent plonges dans la penombre. L ambiance est donnee.
Le lendemain, j accederai a la ville par l assourdissant boulevard Bill Clinton, du nom d un heros local. Puis le centre nevralgique, une avenue pavee reunissant sur 500metres l ensemble des institutions gouvernementales. Ici, la ville a tout d une jeune occidentale, si ce n est le Mc do. Mais la n est pas Prishtina.

En continuant ma route, suivant une foule toujours plus dense, j atterirai la ou je passerai la journee: Le grand bazar.
La, pas de brique ni beton, mais des dizaines de tentes collees les unes aux autres, tout au plus un toit en zinc. A ma droite, un vendeur de tabac fait sentir sa marchandise en ouvrant une touffe a pleine main. De l autre cote, des sugjuk, saucisses de boeuf au paprika, crepitent doucement sur les braises. Quatres vieux bonhomme degustent un verre de the noir en me devisageant d un air grave, tandis qu une femme me glisse une poignee de pistache dans la main en me souhaitant une bonne journee. Les allees se font a mesure plus etroite, plus bondes, les etales debordent de fruits, d epices, de machins, de bidules, un vieux transistore crache un air d accordeon, un homme, le visage crispe, fait avance une brouette charge d oeuf,
Ou suis-je? En europe parait il.

Je me baignerai allegrement dans toutes ces saveurs pour le reste de la journee, avant de quitter la ville par les hauteurs, vers l est. La ballade continuera encore un peu au kosovo avant que l hiver ne me rattrappe. A 60km de la frontiere avec la macedoine, la neige viendra finalement blanchir les vallons kosovar. Apres que je lui demande un coup de main, mon saint christophe m offrira encore 2 jours d accalmie afin que je rejoigne et visite Skopje, ville qui m apparaitra bien fade apres le kosovo. Puis au matin, un Blizzard de tous les diables. Me trainant difficilement jusqu a un vendeur de Burek, celui ci me dira en se marrant qu il y en avait pour la semaine. Depite, je lui commande une autre part de burek, au boeuf celle ci, avant de me decider a faire ce que je n avais pas encore vraiment fait depuis le debut: envoyer le pate.
Casquette et shapka bien en place, je planterai ce jour la 70km plein sud par la vallee, sans rien voir que du blanc. Puis, apres une journee de repos dans une grange abandonnee, a nouveau 70 bornes. Trois longues journees, qui me feront passe de la neige a la pluie sans que j apercoive les sommets
Avant d entree en Macedoine, ce nom evoquait avant tout pour moi une salade mayo. Maintenant, et malgre quelques belles rencontres, ce sera le symbole d un hiver long. Et de delicieux burek.

Mais le froid est maintenant derriere moi. Juste avant la frontiere grecque, a Gevgelija, je rencontrerai ce petit Papi sourd muet avec qui j aurai une jolie conversation mimee. Il m offrira un chapelet pour la route. Je lui donnerai mes gants et ma shapka pour conjurer le sort. Et en une journee, je passerai du the-burek aupres du poele a l Ouzo-feta au soleil. Voila 5 jours que je suis en grece, 5 jours qui me font dire que je serai bien ici. Et, non sans un pincement pour cette hiver balkanique, qui restera le plus froid et le plus incroyable de ma courte vie, je vais maintenant doucement me trainer jusqu a une plage perdu pour aller souhaiter la bienvenue au printemps.

La ballade continue (encore un peu...), pleins de bizous a tous

Matthieu

dimanche 28 février 2010

En chanson!

Salut a tous!

La route chante! je vous jures! Et elle me dit bien des choses.
En croatie, on chante son pays, ses cotes et ses merveilles a travers le klappa. Au montenegro, j ai decouvert avec quelques frayeurs le rock patriote, si populaire a travers la communaute serbe. On y parle d un empire serbe, qui demain retrouvera ses 3 mers et toute sa splendeur. On y parle du kosovo comme d une parcelle de son coeur, arrachee par la force.
Puis plus recemment les belles chansons d amours albanaises... Les femmes y disent toute la douleur d un amour a distance, les hommes promettent un retour prochain.

Je m en etais rendu compte depuis un petit moment, il y a peu de jeunes de mon age en albanie. Entre 20 et 30ans, beaucoup tentent leur chance ailleurs. On part a pied a travers les montagnes pour rejoindre la grece, ou en hors bord jusqu en Italie. Et si certains poussent l aventure jusqu en France, c est souvent pour aller jusqu a calais, cette succursale du paradis londonnien. L accueil n est, dit on, pas bon en France.
Alors ma ballade en laisse plus d un dans l incomprehension. Car si certains partent ainsi, c est pour obtenir peut etre le dixieme de ce que j ai laisse. Si le frere de Zef laissa derriere lui femme et enfants pour passer 5 ans a Athene, c etait pour mettre des fenetres a sa maison.

Aller, Refermons cette parenthese, j ai encore bien des raison de continuer ma route. J ai repris celle ci il y a 6 jours apres de beaux adieux avec ma famille de Shengjin. La neige ayant repris de plus belle dans les hauteurs, j ai decide de laisse tombe Tirana pour passer plus au nord par la basse montagne, vers le Kosovo.
Bien vite, les reflexes reviennent, avec une grande envie de marcher. Ma route serpente doucement dans les massifs, au milieu de petits villages eteints par la pluie. La chaleur, je la retrouve au bistrot, ou je ne suis jamais seul a ma table. Une ampoule arrive bien vite a la plante du pied, je chauffe ma lame, perce, vide, comprime. Les grosses averses, elles, passent souvent avec une chanson. Pas rouille le bonhomme!

Des le deuxieme jours neanmoins, je retrouve une surprise de taille que ma carte avait oublie de mentionner: une autoroute. Vide.
Je m y aventure a taton, je me mefie de ces betes la. Mais rien, pas une voiture, pas un bruit, si ce n est la pluie sur l asphalte.
Pendant un temps assez indeterminable, je marche la, en plein milieu de ce grand boulevard flambant neuf, s etant a priori fraye un chemin a travers les montagnes a grand coup de dynamite. Un panneau de limitaion de vitesse me sort de mes pensees, je ralentis d instinct avant de realiser que je suis sans doute loin des 110 autorises. Drole d ambiance.
Plus loin, des villages viennent me rassure, non je ne suis pas seule au monde. L autoroute se peuple, des tracteurs, des camions, des caleches circulent joyeusement dans les deux sens, independement du cote de la barriere. Quelques gamins se joignent a moi pour un bout de route.
Mehmet, lui, arpente avec son pick up la route de long en large, controlant les barrieres. Il sera mon ange gardien pendant les 2 jours passes sur cette drole d autoroute, m apportant de l eau, des fruits et meme une shapka polaire ultra tendance. C est aussi lui qui m en apprendra plus.

L autoroute A1 est un des projets phare du gouvernement albanais. 400 millions d euros pour relier Tirana au kosovo, premier pas, selon eux, vers la reunification de 2 nations albanaises.
Apres 1ans et demi de retard et pres de 1 milliards supplementaire, le chantier court toujours.
Au bout de la route, le clou du spectacle, un tunnel de 6km de long. Le chantier bas son plein a mon arrivee, un flic me bloque l acces. Il me presente gentillement mes 2 options, faire demi tour sur 70km ou prendre par la montagne. Voyant le massif enneige, et surtout pensant a mon sac de couchage encore trempe de la veille, j insiste gentillement pour voir un responsable. On me presente un vieille albanais tout sourire parlant anglais, qui entend avec joie mon histoire. Apres un coup de fil de rigueur a la direction, il me fait une fleur: une camionnette me fera traverser. Moi je veux marcher. Le chieur.
Alors pourquoi me demande t il? C est vrai ca pourquoi? Quel importance que 6km? Pourquoi se refuser un bus ou autre dans les moments de galere?
Je m etais deja pose la question, les pieds dans la neige ou en calecon au milieu d une route inonde. Voila a peu pres ce que je lui ai dit:
If I live long enough to have grandchildren, I d tell them: "you know, once, papi has been walking all the way to Istanbul"C est bateau hein? Et bien sachez qu il y a un fond de verite. Et que c est ce qui m a fait traverser. Apres un autre coup de fil a la direction, me voila equipe et escorte d un bout a l autre du tunnel!

Et de l autre cote... Le soleil... et le kosovo. Alors qu en est il de ce pays tout jeune, tiraille entre chanson et autoroute? A vrai dire, ca fait seulement 2 jours que j ai passe la frontiere.
Alors je ne sais pas. J ai pour l instant pris la direction du nord ouest, un peu au pif, mais bien decide a voir ce pays. Et pour l instant voila: beaucoup de sourire, beaucoup de main tendu, aucune ne veut prendre, toutes veulent donner. Alors moi aussi je souris, je remercie, je chante et je marche. C est a peut pres tout ce que j ai a donne. Juste avant que je passe la porte de ce cybercafe, un homme m interpelle:

-Qu est ce que tu fait?
-Je viens voir ton pays.
-Merci.

Allez la ballade continue, une grande biz a tous

Matthieu

PS: En lien un sourire webcame. Et oui, j ai bien un reste de dejeuner entre les dents.

lundi 15 février 2010

Half time - Shengjin

Salut a tous!

Petit retard de nouvelle. Petit break dans la ballade.
Voila maintenant plus d un mois que je suis comme qui dirait en hibernation.

J avais comme au montenegro, repere sur la carte un coin paume sur la cote. Ce que je cherchait, c etait du repos. Du calme. Plusieurs critere en tete: en bord de mer, un coin ou je puisse etre seul. Ou le soleil se leve et se couche dans la mer. Un coin habriter si possible.
En m y rendant, j ai d abord trouver une baie qui a surement due etre tres belle. Aujourd hui, on y accede a l ombre d hotel multicolore en construction. Puis un port industriel, une raffinerie abandonnee, une base militaire americano-albanaise.
Au milieu de tout ca, la population locale vit dans de petits immeuble en parpin gris, autour d une unique ruelle aux allures de souk marocains.
Bienvenue a Shengjin.

Vers le nord, une route de terre s enfonce dans une pinede en bord de mer. A mesure d avancer, le murmure de la ville cesse. Les chantiers disparaissent peu a peu, la foret se fait plus dense. Quelques chiens errants gettent a quelques metres de la route. Ils n aboient pas.
Puis apres 20mn de marche, en contrebas sur la gauche, se trouve une petite crique, et ma maison.

Je me suis installe dans un camp militaire abandonne, vestige du regime communiste en place il y a 20ans. Dans la seule piece ou le toit etait en place, j ai installe une chemine, un lit sureleve (ma maison prend un peu l eau...) quelques etagere et une reserve de bois a l abri de la pluie.
La mer, chariant tout un tas de bordel rejete par l Homme, m offrit chaise, table et plastique pour habille fenetre et porte. Sur celui couvrant la porte, j inscrirai au marqueur "half time". Ma retraite peut commencer.

Des la premiere matine, j aurai de la visite. Un homme, d une soixantaine d annee, petit, quelques cheuveux gris frises remontes en arriere par une paire de lunette de soleil, arpentait ma plage. Lefter ne travaillait pas ce jour la. Aucun bateau au port ne reclamait ses talents d electriciens, il en profite donc pour venir mettre quelques lignes a l eau. Je l interpelle en Anglais, il me repond en Italien. Qu importe la langue, le cours de peche commence!

Ici, pas de canne a peche. Une ligne d une trentaine de metre est leste par une petite ancre a plomb. On fait tournoyer le tout comme une fronde pour le mettre a l eau, ce qui m a valut dans les premiers temps quelques moqueries de la part des autre pecheur, quand ma ligne finissait peniblement a 2metre, le reste venant s enroule autour de mon cou. Mais apres un mois de pratique, je me defends plutot pas mal.
Et si un poisson a le malheur de mordre, le pauvre sera eviscere et mis sur le feu dans la minute. Ici, on aime le poisson frais.

Alors voila, tres vite, j ai trouve ce que j avais perdu depuis quelques mois: un quotidien. Je me reveil tous les matins avant le soleil, lance un grand feu pour le cafe, avant d aller changer les appats de mes lignes. Si un poissons s invite a la fete, je l etriperai avant le petit dej, sinon celui ci remonte (je parle du petit dej). Puis je vais chercher du bois et des appats dans les environs. La partie active de ma journee se termine au dejeuner, je passe alors le plus clair de mon temps a entretenir le feu, surveiller ma peche, lire ou gratouiller mon ukulele. Et tous les 4-5jours, je vais chercher eaux, bougies et vivre a la ville.

Ainsi, je passe le plus clair de mon temps tout seul, meme les visite se sont fait de plus en plus reguliere a mesure que les gens realisaient ma presence. Il y a Lefter bien sur, mon prof de peche, et mon bienfaiteur. Il m apporte poisson, vin ou autre delice plus que regulierement, et vient tout les week end pecher et picniquer avec sa femme et son fils. Il y a aussi Nina, le chasseur a la retraite, qui guette les poissons depuis les hauteur et vient me dire ou mettre mes lignes. Besi et Gendi, eux, viennent arrondir leur fin de mois en recuperant et revendant la ferraille rejete par la mer. Ils s arretent donc pour le cafe. Un groupe d enfant du village vient parfois apres l ecole voir celui qu ils ont baptise "Robinson", pour une partie de foot ou un cours de ukulele. Et il y a bien sur les incontournables force de l ordre.

Dans les premiers jours de mon installation, l un d eux, en patrouille dans le coin, fut un peu trouble de me trouve la.Tant et si bien qu il appela le chef de la police de l immigration. Celui ci debarqua 10mn plus tard escorte de 3 autres bleus. Parlant anglais, il m explique assez sechement que j avais 2h pour faire mes affaires et partir. C est un terrain militaire, et de surcroit peu sur pour moi.
Je me braque un peu, lui explique ma ballade, lui dit que je ne fait rien de mal. Rien y fait.
Puis un de ses bleus, qui tournait depuis un moment autour de mon ukulele me le tend, en me reclamant une chanson. En consequence, je leur joue "should I stay or should I go", ce qui les fait marrer.
L officier change un peu de ton. Il m entraine a l ecart pour une marche sur la plage, avant de me lancer d un air paternel: "Raoul (on ne reprend pas un officier en uniforme), why do you do this trip?".
Si James cameron avait filme la scene, il y aurait eu des grandes nappes de violons derrieres, avec peut etre un hautbois chantant une melodie d espoir. Ce bonhomme voulait vibrer, alors j ai laisse tombe le mot de ballade. Je lui ai parle de reve, d aventure, de liberte.
L air soucieux, il a finalement appele le chef de la police de shengjin qui se deplace lui aussi. Finalemt, 9 flics rien que pour moi, se sont livre a une petite fouille de rigueur de mes affaires avant de me laisser penard. ouf.

Alors voila. Un mois comme j en avais encore jamais passe. De grande deconnection. A laisse filer les jours sans les retenir. Pas de tele, de cuisiniere, juste un grand feu pour accompagner mes soiree. Pas de montre, pas meme une cloche sonnant au loin. Pas de miroir non plus, rien pour refleter ma gueule, si ce n est le visage de mes visiteurs. Et si en commencant j apprehendais la solitude, je me serai finalement rendu compte qu on se sent seul que quand il y a du monde autour.
Mais bientot la ballade va reprendre, encore peut etre 1 ou 2 semaines. Puis direction Durres, Tirana vers le sud, avant un dernier crochet au nord pour aller voir le Kosovo. Le reste de la route reste encore a ecrire, car comme c est marque sur la porte de ma maison, ceci n est qu une bien belle mi temps.

Des grands bizous a tous, tous vos messages m ont offert une grande barre de bonheur. Vous me manquez.

Matthieu


dimanche 10 janvier 2010

Salut a tous!

Des petites news en vrac de la route. Je vous ai laisse sous la neige bosniaque, me voici aujourd hui sous la pluie albanaise!Deja 20 jours que j ai quitte sarajevo, pousse par le froid vers la terre promise: Dubrovnik.Noel aprochait a grand pas, et les villes et villages sur la route s activaient a monter banderoles et sapin dans les rues.ne voulant pas etre en reste, le 24 venu, j ai moi aussi mis la main a la patte. J ai pris une route cabosse, juste assz large pour une voiture. Je l ai fait serpente au milieu de quelques petits massifs, couvert de pin. J ai mis de la neige au sommet, meme si je savais que ca n avais aucun sens, et dans la plaine, des orangers et des oliviers. Puis ma besogne accompli, j ai traverse ce jolie decor entre hiver et printemps, entre croatie et bosnie, jusqu a la mer.Malheureusement, la pluie s invita a la fete, me poussant a trouve refuge dans une camionnette. Une nuit douillette malgre tout, mais pas de dinde! Au matin, je m etais tout de meme garde un petit quelques chose. Au fond de mon sac, entre les chaussettes sales et les bouquins, un pot de nutella. Merry christmas!

2 jours plus tard, j arrive a dubrovnik, entre soleil et pluie. La perle de l adriatique me surprend un peu, posee la sur les rochers. Je vais errer dans la ville, m y perd avec plaisir, avant de trouver un abri sur la terrasse d un resto ferme pour la saison. C etait sans compter sur le patron, qui vivait la bien sur... Milan, croate de 63ans, rentre chez lui le soir des election presidentielle. Le resultat n est pas encore tombe, mais cela l importe peu. Le president croate n a qu un role honorifique, et de toute facon, la plupart des croates ne s interresse plus a la politique.En traversant sa terrasse, il retrouve endormis sur un banc un bonhomme recroqueville dans un sac de couchage. A cote de lui, un gros sac a dos, une paire de lunette et un grand baton de berger.
Alors, a taton, milan va chercher un matelat, un oreiller, reveil doucement l intrus et l installe pour la nuit.Je resterai finalement une semaine chez Milan, rince par mon hiver bosniaque. Un semaine de farnient, de bouquinage, de bouffe, heberge comme un roi par ce vieux milan, dans la plus belle vite du monde.
Puis pour la nouvelle annee, au matin du 1er, je prends la route pour le montenegro. Le debut se passe a merveille, avec meme un peu de soleil.Pause patisserie avec les douaniers, quelques belles rencontres a hercegnovi, puis la magnifique baie de kotor... Je pense me trouver un coin paume pour me pauser plus longtemps, un "chez moi". Mais la populace locale s avere quelques peu mefiante a mom egard. Quelques accros, l orage qui s en mele, je ne trouverai pas mon coin au montenegro.
Mais si j avais quelques peu rate mon noel catholique, le noel orthodoxe restera un souvenir assez incoyable.Pour les ignards (dont je fais parti), sachez que les chretiens orthodoxe font noel le 7/01. Le soir du 6, on se retrouve devant l eglise locale. Chacun apporte du bois pour alimenter un enorme feu. On boit du rakya chaud, on chante,...Devant ce feu, je retrouverai Dragan et Marko. Deux serbes, expates, tailleur de pierre. Loin de leur famille pour noel, on se console tous les 3 a coup d biere, chanson et poker... Un bien beau noel! Le lendemain, il me fond decouvrir leur coin, les quelques grottes garnissant la cote, les plages. Un beau pays, mais ronge par un tourisme se developpant de maniere un peu anarchique.

Et aujourd hui, je vous ecris ces lignes de Shkroder, premiere ville albanaise sur ma route. J aurai fait mon entree dans ce pays de nuit, hier, accompagne d un local rencontre avant la frontiere. Zef est parti de chez lui il y a un mois, a pied pour un tour de bosnie. Il rentrai chez lui, je continuai ma ballade, on a fait la route ensemble. Avant Shkroder, on retrouve une campagne noye par les orages a repetition. Les maisons sont dans l eau, des militaires des digues sur le bord de la route. Un bout de route est sous la flotte, la police nous propose de nous faire traversee en voiture. Zef monte, moi j enleve mon pantalon. "my feet is my only carriage!" comme dirait bob marley. Vaille que vaille, 200metre de route les pied dans l eau. Et une l arrivee fracassante d un frenchy en calecon dans une station service albanaise...la nuit se fera chez le frere de Zef, 4 generation reunis sous mes yeux, des sourires de partout.
Excusez pour ce mail un peu decousu. Je suis dans un cybercafe de Shkroder. Zef est derriere moi, un beau compagnon mais un peu envahissant... Il n a pas quitte l ecran des yeux, me pressant pour finir.
Allez, c est reparti, la ballade continue comme on dit.

Pleins de biz, et merci a tous pour vos voeux.

Je pense a vous (ouioui, vous tous!)

Matthieu