jeudi 17 décembre 2009

Froid au cul, chaud au coeur‏

Salut a tous!

En quittant la cote apres spit, je me suis quand meme dit que c etait une connerie ce detour bosniaque. La raison aurait voulut que je reste sur l adriatique, au chaud, en attendant les beaux jous. Mais une petite voix me poussait vers Sarajevo. Ville emblematique, symbole d une violence televise, lointaine. Je ne pouvais pas passer si pres sans m y arreter. Je voulais y aller a pied. Alors j ai pris au nord. Et si ce bout de route fut sans conteste le plus froid et le plus eprouvant du voyage, ce fut egalement l accueil le plus chaleureux.

J ai d abord retrouve une petite campagne croate vallonee, fraiche et sauvage. D hameau en hameau, tout le monde se connaissait, et on se passa vite le mot qu un francais se balladait a pied dans les parages. Si bien que je visita bon nombre de ferme et de bistrot, trinquant a coup de Rakija (tord-boyaux local), degustant de la charcuterie artisanale ou de la viande de veau en potage, ou ecoutant 3 vieux bonhomme me chanter un air de Klappa autour d un cafe turque... Je suis meme reste 2 nuits a Blato na Cetini, ou l on me preta un camping car au bord d une riviere, en contrebas du village. Un vrai petit coin de paradis, ou la vie prenait son temps.

Puis j ai finalement rejoint la bosnie, continuant ma ballade vers les hauteurs. La bosnie est un pays bien complique, le cul entre 3 chaises. 3 communautes, serbe, croate et musulmane, 3 religions, 3 presidents... On paye en Mark bosniaque ou en couronne croate, on rend parfois la monnaie en euros ou en dollars... Un beau bordel.
Et de se fait, si pour moi de grands plateaux desertiques remplacerent les vallons verdoyants, et malgre la frontiere tracee la un peu arbitrairement, j etais, dans le sud du pays, toujours en croatie.

On m indiqua pour rejoindre Sarajevo de grands axes par l Est, par Mostar. Mais je prefera marche vers l ouest, ayant repere quelques massifs paumes a explorer. C est ainsi que j ai rejoins la bosnie profondes. Celle ou l on vit a 6 dans une seule piece, autour du poele, ou l on fait son propre pain, ou l on tue le cochon pour le mois a venir.
Celle ou l on vous accueil comme un frere, un fils, vous offrant gite, couvert, sourires et chaleur avec le plus grand naturel.Mais aussi celle ou l on vous donne une poignee de petards a meche pour se prevenir des loups en montagne, et celle ou vous pouvez marcher 2 jours sans rien trouver d autre qu une cabane.

J ai ainsi passe quelques soirees incroyables. Je me rappelerai par dessus tout l accueil des bucherons de Vran. J etais un peu paume dans ce massif quand je les ai retrouves, suivant le bruits des tronconneuses. 5 bonhommes, entre 30 et 60 ans, un peu abasourdis de voir debarquer ma gueule dans les parrages. Ils vivaient 5jours sur 7 dans une chambre de 20 m2, sans eau ni electricite. Il ne parlait que Yougoslave, et pourtant je me suis rarement autant marre du voyage. La conversation se mimait, se dessinait, a la lumiere des bougies, seuls au monde. Au matin, le boss fit une visite eclair en Jeep et je lui demanda pour travailler. Malgre ma musculature imposante, il refusa. Domage, je me serait bien vu bucheron bosniaque quelques semaines.

Puis apres Prozor Rama, les eglises ont peu a peu fait place au mosque, et la neige est arrivee. Et quel contraste, d arriver dans un village enneige, lorsque la priere du muezzin vient resonner dans la vallee.
De la, j ai essaye de rejoindre Sarajevo en coupant court par la montagne. Il y avait sur ma carte une route de foret de 40 km, je m y suis aventure un matin mon sac debordant de vivre, confiant. Je resterai 2 jours sans voir personne, absolument paume, la neige remontant a chaque pas au genou. 2 jours de galere, a avancer a la boussole, sans voir a 10m, a dormir dans une vielle cabane abondonne dans ce grand rien. La j ai attrappe mon portable. Je voulais entendre une voix, n importe laquelle. Pas de reseau. J etais tout seul.
Si bien que j ai du rebrousser chemin, me retrouvant a la nuit dans le village que j avais quitter 48h avant. Je suis rentre dans le premier troquet venu, et sans que j ai eu le temps de dire un mot, on m attrappa, m enleva mon jean et mon blouson, et me planta avec un cafe et un verre de rakija au coin du feu.

Ce village s appelai Sebečiš. J y aurais mange et dormit comme un roi, sans rien paye. Encore une fois, un accueil incroyable. Alors, j apprends a accepter cette generosite, et j offre tout ce que j ai sur moi, quelques chansons sur un ukulele. Et si ici on ne connait que peu bob dylan ou otis redding, mais qu importe, on aime la musique.

Et puis apres un nouveau detour de 4 jours par le nord, jusqu a Travenik, j ai finalment rejoint Sarajevo.
Avant de partir, mon parrain, un aventurier peruvin, m avait offert un petit pecule, une "cartouche" pour les coups dures. Mais au debut, un peu deboussole, je me suis offert une auberge de jeunesse a grenoble, puis un hotel a briancon. De la, j ai pris la decision d arreter avec tout ca. je n aurait qu une cartouche pour l europe, a utiliser avec soin. Alors voila tonton Jim, la cartouche est grille, je me suis offert 3 nuits dans un petit hotel du centre. Et je fait le touriste dans cette ville si particuliere, pour mon plus grand bonheur.

Et la ballade continue demain vers le sud, vers dubrovnik, que je devrai rejoindre en une semaine si tout va bien.

La biz a tous, et a tres vite

Matthieu

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